Monumental, le premier Gears of War l'était assurément. Monstre graphique dégoulinant de sang, porté par une furie dévastatrice et une violence rare, le titre d'Epic avait su se hisser sur le podium des meilleurs softs de la 360. Mais la bête, aussi sauvage fut-elle, accusait çà et là quelques petites faiblesses. Un classicisme certain mais somme toute masqué par une progression féroce et sans temps morts. Une prise en main perfectible dans laquelle on s'empêtrait régulièrement. Un scénario taillé à la tronçonneuse. Un multi sympa mais brut de décoffrage. Autant de détails qui cumulés, encombraient un titre qui n'en restait pas moins épique. Forts de ces considérations, le Cliff et sa clique ont remis le couvert et se sont efforcés de donner vie à un titan, un titan assujetti à un seul concept, celui de la surenchère. Soyez donc sur vos gardes, car même si nous évoluons en terrain connu, le combat à venir risque bien de vous laisser sur le carreau.

Six mois se sont écoulés depuis la descente aux enfers des Gears, six mois que le cerveau putride du général RAAM s'est répandu sur le sol, six mois que la fameuse bombe lumière censée mettre un terme au conflit a explosé. Pourtant, des entrailles déchirées de la planète Sera, les locustes continuent de se déverser comme un raz de marée. Plus féroces, plus nombreux, ils disposent de surcroît d'une arme capable d'engloutir des villes entières d'un seul coup. L'humanité n'a depuis lors plus connu que la défaite. Seule une unique cité tient encore debout, la fière Jacinto, épargnée par les locustes. Mais pour combien de temps encore ? Perdus pour perdus, les humains s'apprêtent donc à lancer leur ultime assaut. Cette offensive mue par l'énergie d'un désespoir bien compréhensible vise à porter le combat en territoire ennemi, sous terre, une ultime fois.gow2x300d.jpg

On s'attendait certainement à ce que le bébé d'Epic nous livre ce genre de spectacle, mais on ne se doutait sans doute pas qu'il parviendrait à un tel degré d'intensité. Plus étonnant encore est sa volonté d'offrir un peu de densité à son univers. Cela passe en premier lieu par un recours plus soutenu aux cinématiques. Ces dernières sont à la fois plus longues et mieux mises en scène que dans le premier jeu. Leurs propos, sans rien dévoiler, visent à davantage impliquer le joueur dans l'histoire. Ainsi, si on aura droit à notre quota de tronçonnage et d'insultes lancées par les voix gutturales des protagonistes que l'on commence maintenant à connaître, l'approche se veut occasionnellement plus personnelle. Gears 2, au-delà des terribles enjeux qu'il parvient enfin à mettre en avant, prend également le temps de s'attarder sur la quête de Dom (le pote du héros) pour retrouver sa femme. Qu'on se rassure, Gears ne verse pas dans le mélodrame, il n'y prétend pas et n'aurait rien à faire dans un tel domaine, mais il réussit dans une certaine mesure à toucher le joueur. Certains riront sans doute de ces commentaires, mais d'autres apprécieront cette étonnante dimension dans un shooter aussi bourrin que celui-ci. Le tout culminant en une séquence pour le moins déstabilisante que nous vous laissons le soin de découvrir par vous-même.gow2x3115.jpg

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Graphismes 18/20

Au premier abord, difficile de faire la différence entre Gears of War 2 et son prédécesseur. Les nuances semblent extrêmement subtiles, surtout si l'on ne dispose pas d'une télé HD. Une gestion de la lumière améliorée, des mouvements légèrement plus fluides, des détails plus nombreux, des animations supplémentaires, voilà tout. Cependant, on s'aperçoit vite que le travail des graphistes s'est surtout porté sur les environnements et la profondeur de champ. Vastes, écrasants même, les décors sont sublimes et accueillent une multitude de séquences annexes, destinées à nous plonger en plein coeur d'un conflit d'envergure. Les bâtiments volent en éclats, les soldats s'étripent joyeusement dans un tourbillon de flammes et de tripes volantes. Bref, on profite d'un spectacle d'une fantastique puissance visuelle, sans que cela nuise pour autant à la fluidité de l'ensemble.

Jouabilité 18/20

Là encore les nuances ne semblent pas légion par rapport au premier Gears. Tout repose encore sur une utilisation permanente des différents abris que vous offrent le terrain. Mais on appréciera grandement la possibilité de dissocier la course de la mise à couvert. Pour le reste, Gears 2 enchaîne avec brio les séquences de folie pure, au point qu'on en ressort souvent essoufflé, tétanisé, mais heureux. L'IA n'est pas étrangère à ce phénomène et compte probablement parmi l'une des plus convaincantes du moment, même si on ne coupera pas à quelques moments de grand n'importe quoi.

Durée de vie 16/20

Tout dépend de votre approche. Si vous ne comptez jouer qu'à la campagne, le soft vous occupera pendant 8 ou 9 heures, en sachant que les habitués du premier Gears se doivent de commencer par le mode Vétéran. Mais le jeu prend véritablement tout son intérêt lorsqu'on le traverse à deux, en compagnie d'un pote avide de pizzas et de tripaille. Le multi, nettement plus complet qu'auparavant, se chargera de vous retenir pendant des nuits et des nuits, d'autant que les bots complètent avec efficacité les rangs des joueurs.

Bande son 17/20

Les voix françaises, gutturales à souhait, collent bien aux tronches de caterpillars des différents personnages. Dommage que leur volume soit si bas et force le joueur à activer les sous-titres. Quant aux thèmes musicaux, signés pour la plupart par le compositeur de la BO de Transformers, ils soutiennent avec maestria des scènes d'action rageuses.

Scénario 14/20

Un effort certain a été déployé pour faire de Gears of War 2 plus qu'un simple shooter sans âme. Certains adhéreront, d'autres en riront sans doute. Pour notre part, le jeu remplit son contrat et donne plus de cohérence à son univers. Reste que Gears, quoi qu'on en dise, c'est avant tout une histoire de tronçonneuses et de corps répandus sur plusieurs dizaines de mètres.

Note Générale 19/20

Véritable machine de guerre, Gears of War 2 se pose indubitablement comme l'un des titres d'action les plus généreux du moment. Gigantesque défouloir, immense pourvoyeur de tripaille, le soft se fait l'esclave du plus et livre un spectacle à couper le souffle. Beau, intense au point d'en devenir épuisant, le titre d'Epic ne réinvente rien mais procure un immense plaisir au joueur, et c'est là tout ce qu'on désire. Cette note tient également compte d'un mode multijoueur extrêmement complet et soutenu par une ribambelle de bots à la redoutable efficacité. Quelle que soit votre optique, il est impossible de ne pas ressentir un frisson en se plongeant dans le conflit. L'un des softs les plus sauvages de ces dernières années, à consommer sans la moindre modération, si toutefois vous n'avez pas peur des éclaboussures.